Lettre ouverte/pétition au Président de la MAIF

[La MAIF a quitté le fond Hémisphère-http://resf.info/article56100.html]

PRAHDA : La MAIF doit cesser de financer la machine à expulser !
Sous-couvert d’un investissement à impact social, la MAIF participe au fonds Hémisphère, qui a permis le rachat des hôtels Formule 1 pour les transformer en lieux d’hébergements pour demandeurs d’asile, dans le cadre du PRAHDA.

Mais ces lieux sont en fait un hébergement à bas coût avec prestations minimalistes et accompagnement social réduit, qui ont notamment pour but d’assigner à résidence et expulser plus facilement les personnes qui sont déboutées du droit d’asile ou "Dublinées".
Ainsi la Maif se met en contradiction avec l’éthique qu’elle revendique pour ses investissements.
En tant que citoyens, et/ou sociétaires nous dénonçons cette participation et demandons son retrait."

Voir la réponse de la Maif
Voir notre réponse à celle de la Maif


Lettre ouverte à


Monsieur le Président de la MAIF

 

 


Pour des investissements réellement responsables, 


La MAIF doit cesser de financer la machine à expulser !


Confrontés aux conditions d’hébergement dans les PRAHDA nous avons découvert l’existence de cet investissement. Cela nous a amenés à nous interroger sur une véritable escroquerie à "l’investissement responsable".

En effet la présentation de cet investissement comme s’incrivant "dans une démarche innovante d’investissement à impact social" est un pur mensonge.

La création du "fonds à impact social" Hémisphère en 2017 par la SNI , filiale de la Caisse des Dépôts, avait pour objet de répondre à un appel d’offre de l’État pour un nouveau programme d’hébergement de demandeurs d’asile (PRAHDA). En effet les lieux d’hébergement et d’accueil sont structurellement sous-dimensionnés
depuis des années.

Mais lorsque l’on regarde les PRAHDA, on constate qu’il s’agit d’un accueil "low cost"qui ressemble davantage à une antichambre à l’expulsion qu’à un véritable accueil. Les PRAHDA ont comme fonction d’accueillir pendant 45 jours, renouvelables une fois, des demandeurs d’asile qui n’ont pas encore déposé leur demande, ou bien qui attendent une réponse de l’administration. C’est aussi un lieu de regroupement des fameux "dublinés," qui doivent être renvoyés vers le pays de l’espace Schengen où ils ont déposé leurs empreintes la première fois. Le centre est le lieu où l’administration peut les assigner à résidence, en attendant leur expulsion.

Le rachat d’anciens « Formule 1 » par le fonds Hémisphère est une opération financière puisque la SNI, « maître d’œuvre », "promet à ses partenaires un taux-plancher de 3,5%, un chiffre attrayant puisque le placement bénéficie de multiples garanties des filiales de la Caisse des dépôts. Le taux sera en outre amélioré en fonction d’un certain nombre de critères sociaux, préalablement établis :
niveau de scolarisation des enfants accueillis, réussites en termes de relogement des individus et des familles… Le gestionnaire des logements, Adoma (ex-Sonacotra, filiale de la SNI) est ainsi incité à ne pas se contenter d’un rôle de simple accueillant. Un auditeur externe sera mandaté (sans doute un des grands cabinets anglo-saxons de la place) pour vérifier que les critères sont effectivement remplis. Outre le retour financier, ce sont la lisibilité et le fléchage transparent d’un tel placement qui attirent les investisseurs. Ces derniers connaissent dans ce système précisément les actifs dans lesquels sont placés leurs fonds et l’usage qui en est fait. Ils peuvent aussi estampiller ces participations parmi
leurs investissements socialement responsables – ce qui n’est jamais mauvais en termes de communication. " ("Challenges", 17-3-17)

De mauvais esprits font remarquer que ces "critères sociaux" correspondent à des obligations légales de base dans notre pays (scolarisation) ou à une vue de l’esprit (relogement) s’agissant de demandeurs d’asile promis pour beaucoup à l’expulsion ou à la clandestinité.

Par contre, l’effet pervers immédiat de ce taux de rapport de 3,5% est de réduire d’autant la prestation de service aux hébergés...déjà réduite par le prix de journée alloué par l’Etat à ce programme : "Alors que le coût moyen d’une journée d’hébergement avec assistance sociale est estimé à 23 euros TTC, le coût journalier moyen des nouvelles places d’hébergement est estimé à 18 euros TTC",
avoue cyniquement le Ministère du Logement, cité par la Caisse des Dépôts
https://www.caissedesdepotsdesterritoires.fr/cs/ContentServer?pagename=Territoires/Articles/Articles&cid=1250278805787

De fait il sera réduit à 16,5 euros...

La Maif, qui s’est dotée en 2009 d’une "Charte de l’investissement responsable", et dont le président et le directeur général viennent de rappeler dans l’éditorial de son dernier bulletin aux sociétaires ("Maif social club n °176 de janvier 2018) "Notre éthique en matière de placements", ne peut décemment demeurer dans ce Fonds d’Investissement.

En effet son rôle et son action contreviennent au principe n°1 du Pacte mondial des Nations Unies auquel la Maif déclare souscrire :

"Principe 1 : Les entreprises sont invitées à promouvoir et à respecter la protection du droit international relatif aux Droits de l’Homme."

Dans lequel il est précisé : "Une attention particulière devrait être accordée aux droits des
groupes vulnérables, notamment les femmes, les enfants, les personnes atteintes de handicaps, les peuples autochtones, les travailleurs migrants, les personnes âgées, etc."

En conséquence, les soussigné-e-s, parmi lesquel-le-s des sociétaires Maif qui se signalent comme tel-le-s, demandent :

1-Le retrait de la Maif du fonds Hémisphère

2-Dans l’attente de l’effectivité de ce retrait, le reversement des 3,5% de dividende à des associations effectivement engagées dans un vrai
accueil des exilé-e-s, telles que la Auberge des Migrants, Roya Citoyenne, GISTI, Cimade,...

3-Une communication claire et sans ambiguïté en direction des sociétaires, après analyse des responsabilités, sur le manquement aux engagements qu’a représenté cet investissement.